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Fier d’être libertarien

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Bock-Cote

PHILIPPE DAVID

M. le juge, messieurs et dames du jury, je me tiens ici devant vous, accusé d’utopisme et de sectarisme. Les intentions de mon accusateur, Mathieu Bock-Coté, sont évidentes. Pour un ultra-nationaliste dont le vœu le plus cher est de faire du Québec un pays, quoi de plus dangereux que quelqu’un qui rejette le concept même d’un « pays »? Pour M. Bock-Côté, mes pairs et moi ne sont ni plus ni moins que des hérétiques. Mon plaidoyer sera simple. Ce sera à vous d’en juger le mérite.

De ses accusations, aussi caricaturales soient-elles, je ne compte pas vraiment me défendre. Je suis coupable de croire que l’État n’est pas la solution à tous nos problèmes. Je suis même coupable de croire que dans la plupart des cas, l’État EST le problème. Je suis aussi coupable de croire, comme bien d’autres avant moi, que si nous renoncions individuellement à agresser ou piller nos voisins, nous vivrions dans un monde meilleur. Seulement, je n’impose cette croyance qu’à moi-même et je vous laisse le choix d’y adhérer ou non selon votre conscience. Ne comptez pas sur moi pour vous forcer à faire quoi que ce soit qui vous déplaît. C’est contre mes principes. Je crois également qu’on obtient de meilleurs résultats à travers la coopération volontaire que la coercition. Que ce soit pour bâtir une maison, ou bâtir une société. Je crois que les gens travaillent mieux quand ils n’ont pas un fusil collé à la tempe ou une épée de Damoclès au-dessus de la tête, pas vous?

Le culte de l’État

Pour Mathieu Bock-Côté, hors de l’état, point de société. Cette fausse croyance est l’évidence même que l’étatisme est une religion. Pensez-y. Vous ne vous êtes pas levé un matin, pesé le pour et le contre après avoir étudié une documentation neutre, et ainsi décidé que l’État était un bienfait pour la société. On vous a plutôt, dès votre plus jeune âge, enseigné que sans l’éÉtat, rien de ce qui existe autour de vous ne serait là si ce n’était pas de la présence de l’État. Vous lui devez tout! Sans lui, vous ne seriez pas capable de fonctionner. Sans lui, vous ne pourriez pas possiblement bénéficier d’une éducation. Sans lui, vous ne pourriez obtenir un emploi (car, voyez-vous, si l’économie va bien, c’est toujours grâce à l’État. Si elle va mal, c’est toujours la faute de ces cupides capitalistes.) Sans l’État, vous ne pourriez avoir accès à des soins de santé, ou des garderies. On ne pourrait absolument pas faire confiance à personne pour nous vendre de l’alcool, ou gérer nos casinos et loteries, ou nos ressources électriques. Sans lui, vous ne pourriez pas possiblement assurer votre propre retraite.

Par conséquent, vous dira-t-on, vous êtes un être égoïste et immoral, si vous refusez de faire votre part et payer vos impôts, même si on sait pertinemment que ce que nous payons se retrouve rarement dans les mains de ceux qui en ont vraiment besoin, mais que ceux qui sont près du pouvoir, eux, ne cessent d’engraisser.

Bien sûr, on vous enseigne également qu’il est immoral de tuer ou voler, sauf si c’est au nom de l’État. L’histoire du XXe siècle en est une preuve flagrante, alors que les États se sont avéré les plus grands meurtriers de l’histoire. Pourtant, pour les Étatistes, sans l’état, ce serait le chaos et le darwinisme social. Je vous soumets que le nombre de crimes commis au nom de l’État excèdent de loin ceux commis au nom de la cupidité et du gain personnel. Et si vous croyez que ces crimes de démocide ne sont le fait que de dictateurs fous, considérez combien d’innocents sont présentement fauchés au Pakistan et au Yémen, avec l’aide de drones téléguidés, par un gouvernement pourtant considéré par plusieurs comme un grand défenseur de la liberté dans le monde. Considérez également que même des États considérés comme « civilisés » ont sanctionné et même institutionnalisé l’esclavage.

Le concept d’état-religion n’a d’ailleurs rien de nouveau. Les pharaons d’Égypte étaient considérés comme l’incarnation des dieux sur terre et depuis César Auguste, on vouait un culte aux empereurs romains jusqu’à la désintégration de cet empire. À combien d’autre hommes d’état a-t-on voué un culte de personnalité depuis? Aujourd’hui, on est plus subtils dans nos méthodes, mais l’idée de fond n’a guère changé. Nos livres d’Histoire font des idoles de ceux qui agrandissent le pouvoir de l’État et diabolisent ceux qui s’y opposent. C’est d’ailleurs pourquoi la période de l’Histoire du Québec où l’État a connu sa plus grande expansion est claironnée sous le nom de « Révolution tranquille », alors que la période précédente s’est vu attibué le nom peu flatteur de « Grande noirceur ». Heureusement qu’il existe des gens téméraires qui s’efforcent à déboulonner ces mythes.

Coupable et fier de l’être

L’État ce n’est pas la raison ni l’éloquence, c’est la force. Comme le feu, c’est un serviteur inquiétant et un maitre effroyable, dixit George Washinton, qui serait bien attristé par ce que le pays qu’il a fondé est devenu. Partout au monde, nous commençons à constater les limites de l’étatisme. Les États occidentaux croulent sous les dettes et craquent de partout. Au Québec, rien n’est jamais résolu, peu importe quel parti est au pouvoir. Des gens comme Mathieu Bock-Côté se désolent souvent du cynisme qui règne depuis quelques années et ils se demandent souvent pourquoi c’est ainsi. Pourtant, les raisons devraient être évidentes et c’est pourquoi le libertarianisme commence à faire surface. De plus en plus de gens perdent la Foi en l’État, comme ils ont naguère perdu la Foi en l’Église Catholique. Le modèle étatiste est désuet. Depuis la nuit des temps, nous avons toujours accordé à l’État le monopole de l’utilisation de la force et ses dirigeants s’en sont servis pour nous piller et s’enrichir à nos dépens. Peut-être nous faudrait-il un autre projet de société?

C’est faux de dire que les libertariens croient avoir la solution à tout. Nous n’avons pas cette prétention. C’est aussi faux de prétendre que ce que nous recherchons c’est la liberté à tout crin. La liberté ne peut pas exister pour tous sans responsabilité personnelle. Nous ne sont vraiment libres que dans la mesure où nous respectons la liberté des autres également. Nous croyons aussi qu’un jour, le genre humain sera capable de coopérer et coexister sans avoir un état pour nous y forcer. Ce sera sans doute dans un lointain futur quand nous aurons acquis plus de sagesse. Nous n’avons aucune illusion de voir ce genre de société émerger demain, mais rien ne nous empêchera d’y rêver et d’y travailler. Mais contrairement aux marxistes et autres étatistes, nous n’utiliserons jamais la force pour imposer nos dictats, notre seule arme ne sera jamais que la persuasion. Si jamais un jour nous vivons dans un monde de volontarisme, ce sera quand tout le monde en sera venu à la constatation que les mots « État » et « Société » ne sont pas synonyme. Si croire en cela est un crime, alors je suis coupable et fier de l’être.

Ecrit par : Philippe David le 16 février 2013.


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